Riyâd As-Sâlihin
Les jardins des vertueux
« Les jardins des vertueux» (Riyâdh As-Sâlihin) est sans aucun doute le plus grand succès littéraire de l’édition islamique, si l’on excepte évidemment le Coran.
Plusieurs facteurs expliquent un tel succès. Nous soulignerons ici celui qui nous semble le plus déterminant : l’intention sincère qui a animé l’imam An-Nawawi, qu’Allah lui fasse miséricorde, et que lui-même a décrite dans l’introduction de son ouvrage où il écrit :
« J’ai le ferme espoir, si je parachève cet ouvrage, qu’il conduira celui qui lui accordera toute l’attention qu’il mérite vers le bien et le détournera de toute forme de mal et de vice. »
Il y explique encore sa démarche par ce hadith prophétique :
« Quiconque incite les autres à accomplir une bonne action obtiendra la même récompense que ceux qui répondront à son appel. »
Rien d’étonnant donc à ce que le premier chapitre de ce livre porte le titre : « La sincérité de l’intention » (Ikhlãs), que parmi les premiers versets mentionnés figurent ces paroles du
Très Haut :
« Seules Lui parviennent les œuvres que vous accomplissez dans le but de Lui plaire »
et que le premier hadith cité soit :
« Les actes ne valent que par leurs intentions. »
Plaire au Seigneur et être utile aux hommes, telles sont donc les intentions qui ont guidé l’imam An-Nawawi dans la rédaction de son recueil.
La seconde explication à ce succès se trouve dans le contenu même de l’ouvrage : des traditions – près de deux mille – incitant le musulman à se parer des plus belles qualités, à fuir le péché, à parfaire son caractère et à craindre son Seigneur, en un mot à suivre la voie de Son Messager en se détournant des plaisirs terrestres éphémères.
L’imam An-Nawawi mettait lui-même en pratique ces hadiths, car quiconque incite les autres à la vertu doit être le premier à la pratiquer. Adh-Dhahabi explique ainsi qu’An-Nawawi était un modèle de vertu, donné en exemple pour sa piété et son renoncement à ce bas monde. Il écrit : « Sa subsistance se limitait au strict nécessaire, ayant renoncé aux plaisirs de ce bas monde, et il était empli de la crainte de son Seigneur. » Rappelons que l’imam An-Nawawi mourut relativement jeune, à l’âge de quarante-cinq ans, et qu’il ne connut pas le mariage. Vantant les mérites de ceux qui renoncent à ce monde, il mentionnait en introduction de son ouvrage ces paroles du Très Haut :
« Cette vie est aussi éphémère que ces plantes dont se nourrissent les hommes et les bestiaux, qui s’enchevêtrent et se gorgent d’eau dans un champ arrosé par la pluie que Nous faisons descendre du ciel. Lorsque cette terre s’est embellie, revêtant ses plus belles parures, et que ses propriétaires croient pouvoir disposer de ses fruits, Notre arrêt est prononcé de jour ou de nuit : Nous en faisons un champ entièrement fauché, comme s’il n’avait jamais été cultivé. C’est ainsi que Nous proposons des paraboles à des hommes capables de les méditer. » (Sourate Younous, verset 24)